samedi 23 mars 2013

Les Gamins, la bonne surprise


Jeudi dernier, le 21 mars, j'ai assisté à l'avant-première du film Les Gamins, réalisé par Anthony Marciano, qui signe ici son premier long-métrage. Mais derrière ce scénario, Marciano n'est pas seul. Il planche sur ce film depuis trois ans, avec la complicité de Max Boublil. Ces deux amis de longue date n'en sont pas à leur premier projet d'écriture à deux, puisqu'ils ont également co-écrit le one-man-show de Max.

Le synopsis est le suivant : Tout juste fiancé, Thomas (Max Boublil), chanteur de mariages un peu loser qui rêve de faire carrière, rencontre son futur beau-père Gilbert (Alain Chabat), marié depuis trente ans à Suzanne (Sandrine Kiberlain). Gilbert, après avoir été obligé de vendre sa boîte, passe ses journées affalé sur son canapé, traversant une phase de déprime, lassé par les projets de son épouse qui selon lui, ne cherche qu'à se donner bonne conscience. Persuadé d'avoir gâché sa vie à cause de son couple, il dissuade Thomas d'épouser sa fille Lola (Mélanie Bernier), et le pousse à tout plaquer à ses côtés. Très vite, ils se lient d'amitié et se lancent alors dans une nouvelle vie de gamins pleine de péripéties, pensant que la liberté est ailleurs.




En voyant la bande-annonce, je m'attendais à un enchaînement de gags tous plus énormes que les autres qui aurait donné un film sans prise de tête et très efficace. Bref, une comédie tout ce qu'il y a de plus classique, rassemblant tous les ingrédients d'un film à succès, familial, drôle, mais pas extraordinaire. Et c'est bien ce que j'ai ressenti pendant la première moitié du film. Lorsque l'on a vu plusieurs fois la bande-annonce, rien ne nous surprend, sauf une scène, celle de la demande en mariage, qui vient rompre le rythme pris par le spectateur (ce rythme dont je vous parle, c'est un rire par minute, rien que ça) et qui fait monter l'intensité du film dans lequel on peut avoir du mal à rentrer au départ. Cette intensité va grimper crescendo, jusqu'à atteindre son apothéose lors d'une scène complètement improbable (attention je spoile un petit peu... dans cette scène Max se fait éjaculer dessus et le public rit gras, ne faisant plus attention aux dialogues tant il gesticule sur son siège, pris d'un fou-rire incontrôlable).

A quel prix retrouve-t-on ses rêves d'ados ? Doit-on renoncer à ses rêves pour la personne qu'on aime ?

La réponse à ces questions est bien plus complexe qu'elle n'y paraît. Le film tente d'y répondre, cachant derrière toute son apparence loufoque des scènes sérieuses qui permettent au public une certaine réflexion.


Si je qualifie cette comédie de "bonne surprise", c'est parce que malgré quelques gags que l'on peut anticiper (prenons l'exemple de cette réplique entendue dans la bande-annonce : "elle mange tout avec des baguettes, mais c'est deux putains de bouts de bois, on n'est pas en Chine, merde !", efficace, mais facile et prévisible), malgré quelques vannes qui manquent de classe, le premier long-métrage d'Anthony Marciano nous embarque, nous touche, ce grâce au talent d'écritures des deux compères, et bien évidemment, grâce à ce fabuleux casting et ce duo Boublil-Chabat qui fonctionne à merveille. Le film révèle deux jeunes acteurs, Max bien sûr, qui prouve ici qu'il est capable de se détacher complètement de son étiquette d'humoriste pour ados pour nous livrer un jeu digne des plus grands (ma mère qui ne le connaissait pas lui a dit qu'il était du même acabit que Gad Elmaleh, l'humoriste bien sûr, mais également l'acteur, c'est pour dire), et Mélanie Bernier, habituée aux petits rôles, qui offre ici une prestation pleine de fraîcheur nous donnant envie de la voir encore et encore. Quant aux vieux d'la vieille, Chabat et Kiberlain, ils sont une fois de plus fidèles à eux-même, drôles, sincères et touchants. Sandrine Kiberlain prouve que non, elle n'est pas une actrice triste et fade, qu'elle sait parfaitement endosser le rôle d'un personnage de comédie, et qu'elle est drôle, vraiment drôle.


Et bien évidemment, comment ne pas aimer ce film dans lequel Iggy Pop fait une apparition ? Coeur sur toi Iggy.

Coeur sur Anthony, pour son talent, son travail acharné, son humour. Je crois en lui pour l'avenir, on n'a pas fini d'entendre son nom ! Coeur sur Max pour sa simplicité et son talent inné. Une véritable gueule d'acteur, ça ne trompe personne. Coeur sur Alain Chabat, l'idole de tous, pour ce rôle qui lui va à la perfection. Coeur sur Sandrine Kiberlain, que j'ose désigner femme la plus gentille et la plus naturelle du monde. Un véritable coup de coeur autant artistique qu'humain. Et enfin, coeur sur Mélanie, ce petit bout de femme dont on risque d'entendre beaucoup parler cette année. Elle est lancée, on ne l'arrête plus. Ce film m'a rendu mon âme de Bisounours, je n'ai pas réussi à lutter...

Le 17 avril, foncez voir ce film que beaucoup qualifient déjà de comédie française de l'année... L'avenir nous le dira !

vendredi 15 mars 2013

Mon modeste avis sur des films plus ou moins captivants

Comme vous ne le savez peut-être pas, je suis en première. Plus précisément en première littéraire option cinéma-audiovisuel. Tout un programme. Et cette année, dans le cadre de notre option, nous avons eu la chance d'être la seule classe sélectionnée pour participer au prix Jean Renoir, ce qui nous a permis d'aller au cinéma (gratuitement, il faut le dire, et ça c'est plutôt chouette) visionner huit films, plus ou moins connus du grand public, mais tous sortis récemment et nominés dans bon nombre de festivals : "La Vierge, les coptes et moi" de Namir Abdel Messeeh, "Camille redouble" de Noémie Lvovsky, "César doit mourir" de Paolo et Vittorio Taviani, "Rengaine" de Rachid Djaïdani, "Foxfire" de Laurent Cantet, "La Parade" de Srdjan Dragojevic, "Elefante blanco" de Pablo Trapero et "Hiver Nomade" de Manuel von Stürler. Deux élèves de la classe ont été sélectionnées pour partir à Paris élire le film que nous aurons plébiscité.

Malheureusement, j'étais absente lors du visionnage de Camille redouble, que je tenais pourtant à voir absolument (surtout pour voir s'il méritait réellement ses treize nominations aux César, je l'avoue). J'avais volontairement choisi de ne regarder ni bandes-annonces ni critiques afin de pouvoir me faire mon propre avis. Voici donc ce que j'ai retenu et pensé des sept autres films en compétition dans ce concours.



1) "La Vierge, les coptes et moi", du jeune réalisateur franco-égyptien Namir Abdel Messeeh, qui signe ici son premier long-métrage, est un docu-fiction dans lequel nous suivons Namir dans la construction de son film : de la soirée au cours de laquelle il trouvera enfin un sujet qui lui semble intéressant, à la reconstitution d'une apparition de la Vierge dans son village d'origine, en passant par ses difficultés à recueillir des témoignages, ou ses soucis avec son producteur. Lorsque le réalisateur prend l'avion pour l’Égypte, il a pour but de réaliser un documentaire sur la communauté copte et sa fervente adoration de la Vierge Marie, en recueillant des témoignages de gens ayant vécu les apparitions. Le documentaire se retrouve vite détourné en fiction, lorsque Namir réalise qu'il ne pourra jamais récolter tout ce dont il a besoin pour la date fixée par son producteur. Mais il persévère, malgré les avertissements de ce dernier : il se rend dans le village familial, en pleine campagne égyptienne, sans en parler à sa mère qui lui a formellement interdit d'y aller pour filmer ses proches. L'affaire se complique lorsque son producteur lui coupe les vivres. Il demande alors à sa mère - qui confirme sa place de personnage clé du film, de le rejoindre, et de prendre en charge le budget. Ensemble, avec toute leur famille, ils vont se serrer les coudes pour boucler ce film, dans l'amour, le partage et la bonne humeur, et surtout en dépensant le moins possible. L'idée vient au réalisateur comme une illumination: il veut reconstituer une apparition de la Vierge Marie, dans le village. Mais il lui faut des acteurs. Ils sont tout trouvés : les jeunes filles du village passent un « casting » rapidement organisé, et les cousins, les oncles, les tantes, les villageois, joueront les autres personnages. Ce film à budget extrêmement serré, tourné avec les moyens du bord (ou presque) n'a bénéficié d'aucune grande publicité. Mais il s'agit pourtant bel et bien d'un bijou, un diamant brut, un film extraordinaire, encensé par la critique et primé dans de nombreux festivals. Et c'est compréhensible : ce film est captivant. On cherche parfois à comprendre la démarche de Namir, on peut parfois se demander comment sont reliées entre elles chacune des parties, mais sa beauté et sa simplicité nous rattrapent. Le sourire de la grand-mère, les colères de la mère, les instants de bonheur partagés en famille nous mettent des étoiles plein les yeux. Beaucoup trop de gens sont passés à côté de ce film : il mérite d'être vu, mais surtout, il mérite d'être apprécié, aimé, adoré.

Ma note : 16/20



2) N'ayant jamais entendu parler du film "César doit mourir", j'ai tenté de m'imaginer l'histoire uniquement à l'aide du titre. Bizarrement, j'imaginais l'histoire d'un chien. César, c'est un joli nom de chien, et puis qui sait, c'était peut-être la vie d'un chien jusqu'à son euthanasie, voilà. Alors je vous avoue, je me suis sentie assez bête lorsque j'ai compris que le film traitait du vrai César, le César de Rome, le seul et l'unique quoi. Il est tourné une fois de plus sous la forme d'un docu-fiction qui débute sur une scène qui se trouve être également l'une des scènes finales du film : la représentation de la pièce "Jules César" qui s'achève sous les applaudissements. Nous découvrons ensuite l'histoire de cette pièce, qui est en fait jouée par des prisonniers. Ce spectacle, le casting qu'ils passent pour en faire partie, les répétitions... tout cela représente pour eux la liberté. Liberté qu'ils ne connaissent plus depuis de nombreuses années, et qu'une fois la représentation finale terminée, ils ne connaîtront plus avant d'autres nombreuses années... La réussite de ce film tient dans la sincérité de ces "acteurs d'un jour". Cette expérience de liberté et de bonheur nous rend quasiment autant heureux qu'eux. Leurs visages fermés lorsqu'ils doivent reprendre le chemin de leur cellule, leur immense joie lorsqu'ils la quittent, toutes ces émotions qui ne sont pas jouées nous bouleversent. Seulement, bien que très touchant, ce film ne semble pas abouti. Toutes ces scènes de répétition, souvent longues, très longues, ne nous permettent pas de saisir le caractère de ces prisonniers, qu'on finit par très bien connaître en tant qu'acteurs, c'est indéniable, mais que nous aimerions connaître en tant qu'hommes, tout simplement.

Ma note : 14/20




3) Passons à ma plus grosse déception, "Rengaine", film pour lequel je n'ai pas mâché mes mots à peine sortie de la salle. Ma critique sera donc rapide. Pourquoi ce film, pourquoi ? On passe 1h15 (très franchement, heureusement qu'il ne dure pas plus longtemps...) à se détruire les yeux et le crâne devant des plans tournés à l'arrache, ou plutôt des plans tournés bizarrement "pour faire comme si c'était un documentaire amateur alors que pas du tout" qui mettent en scène des musulmans, des noirs chrétiens, une blonde juive, une famille de 40 frères et une soeur arabes qui se détestent tous parce que vous comprenez, même au XXIe siècle les clichés ont la dent dure : le grand frère de la famille s'oppose au mariage de la petite soeur parce que son mec est noir, déjà ça c'est pas possible, et qu'en plus de ça il est chrétien, alors là c'est un véritable vice, on peut pas tolérer ça, alors que lui il est en couple avec une juive, mais bon il ne la présentera pas à sa famille, parce que ça aussi c'est intolérable. Les musulmans avec les musulmans, les chrétiens avec les chrétiens, les juifs avec les juifs et les vaches normandes seront bien gardées ? En bref, un ramassis de bêtise, de clichés tous plus grotesques les uns que les autres, et un mal de crâne assuré. Merci à Stéphane Soo Mongo qui sauve le film grâce à son talent, son humour et sa fraîcheur et qui mérite sa nomination aux César et surtout un rôle dans un vrai grand film.

Ma note : 8/20




4) Mon coup de coeur pour Laurent Cantet s'est confirmé dès les premières minutes de "Foxfire, confessions d'un gang de filles". Je m'étais pris une claque devant "Entre les murs" et même si à priori entre les deux films, on fait un grand écart, ça a également été le cas devant "Foxfire". Les images, les couleurs, les musiques m'ont tout de suite accrochée : on rentre vite dans l'univers de ces jeunes filles en pleine rébellion et dans une certaine quête d'identité. Ce gang de filles mené par son leader, Legs, est fort attachant. Oui oui, même Goldie, l'insupportable garçon manqué tête à claque. Il est facile de s'identifier à elles, puisque, comme dans son précédent film, Laurent Cantet place les personnages au premier plan, plus que l'histoire elle-même. Ces jeunes filles se réunissent dans le but de se venger contre les hommes. Leurs aventures prennent un autre tournant quand Legs est incarcérée. En prison, elle prend conscience de bon nombre de choses concernant son comportement, et elle a une folle idée en étant libérée : vivre en communauté avec ses copines de Foxfire. Elles se rendront bien vite compte qu'elles n'avaient pas réfléchi aux conséquences, car elles seront finalement rattrapées par une certaine force individualiste... Un film intelligent, bien tourné (adaptation d'un livre que je n'ai pas lu mais qui me tente désormais beaucoup) servi par d'excellentes actrices et surtout, un génie de réalisateur.

Ma note : 18/20



5) "La Parade", ou le film que je redoutais puisque j'en connaissais le sujet (l'homosexualité), et qui sentait le film cliché à plein nez. Je n'avais pas franchement envie de voir "Rengaine" en version gay. Mais bizarrement, au bout d'une dizaine de minutes, je me suis surprise à apprécier. Il faut dire que le choix de réalisation de la première partie du film est audacieux : on découvre chaque personnage, d'abord seuls, puis on découvre les liens qu'ils ont entre eux. Peu de personnages font une apparition plus tardive, ce qui permet de tout comprendre dès le départ, bien qu'en avançant dans l'histoire, certaines relations ont tendance à devenir ambiguës. Parmi les personnages, nous trouvons donc évidemment des homosexuels, dont le rêve est d'organiser une "parade" (d'où le titre du film), l'équivalent d'une Gay Pride, dans ce pays où ils subissent chaque jour, à cause de leur "différence", des violences réellement intolérables... A côté de ça, le film nous présente un homme qui, comme bon nombre de serbes au début des années 2000, assume complètement son homophobie, et sa compagne, une blonde un peu idiote qui lui demandera pourtant d'aider ce groupe d'homosexuels à mener à bien leur projet. Le milieu du film, qui constitue la recherche de gros bras, à travers tout le pays, pour assurer la sécurité de la parade, m'a paru long et ne m'a tout simplement pas plu. Je crois même que j'ai dormi un peu à ce moment-là. Mais une fois cette partie terminée, je suis complètement revenue dans l'histoire, et une fois de plus, je ne me suis pas reconnue : je pleurais, oui oui vraiment, des petites larmes, mais j'étais vraiment bouleversée par ce combat qu'ils parviennent finalement à mener à bien, au risque d'y laisser leur vie... On a tendance à croire que tout est présenté de façon si grotesque que c'est bien trop pour être réaliste. Et pourtant non, il y a une dizaine d'années, le quotidien des homosexuels serbes ressemblait vraiment à ça. Un film bouleversant donc, que je conseille à tous.

Ma note : 17/20



6) Si j'avais écrit la critique du magnifique "Elefante Blanco" juste après être sortie de la salle, elle aurait sans aucun doute ressemblé à ça : "tout dans ce film frôle la perfection. Des paysages à la musique en passant par les cadrages et les teintes choisies. Des acteurs bouleversants. Une histoire loin de la fabulation, où rien n'est caché, et qui nous prend aux tripes. Un magnifique hommage". Mais voilà, deux jours après, j'ai pris un peu de recul, et je trouve quand même à ce film quelques petites imperfections. Tout d'abord, j'ai mis beaucoup de temps à rentrer dans l'histoire. Le prologue est très particulier, et demande une certaine attention si l'on veut pouvoir comprendre. On découvre une succession de paysages argentins, tous plus beaux les uns que les autres, mais qui nous laissent plus croire à un documentaire de National Geographic qu'à un film sur les bidonvilles. Deux solutions donc : on s'endort dès le départ, ou on s'accroche, et on se prend une claque tant les paysages dépeints au début contrastent avec la violence des affrontements du bidonville dans lequel se déroule l'action. Pour tout vous dire, pendant quelques minutes, ma fatigue l'a emporté, et je pense qu'on peut associer ça à des moments trop longs et trop peu compréhensibles. "Elefante blanco" donc, ce n'est pas le nom d'une nouvelle race d'animal, plutôt le nom donné à ce projet d'hôpital, qui devait devenir le plus grand de toute l'Argentine et qui après l'arrêt du chantier, est devenu le "bidonville de la Vierge", dans lequel sont engagés deux prêtres, Julian et Nicolas, et une assistante sociale, Luciana. Plusieurs choses m'ont bouleversée : tout d'abord, la façon dont est perçue la foi, et la vie de ces hommes qui ont choisi de suivre Dieu, qui nous est livrée ici par deux acteurs époustouflants, Jérémie Rénier et Ricardo Darin, qui, malgré les difficultés et les épreuves qui vont s'imposer à eux, poursuivent leur mission auprès des plus démunis. Puis, l'honnêteté de ce film. Rien ne nous est caché, tout est dit. On a parfois tendance à se dire que le trio engagé dans ce bidonville est inébranlable, qu'ils parviennent toujours à s'extraire des situations les plus compliquées, et que jamais la police ne viendra leur poser problème, contrairement aux miséreux dont ils ont la charge. On se dit ça, jusqu'à cette scène, d'une violence et d'une vraisemblance rares. On ne nous ment pas. L'affreuse réalité des bidonvilles est décrite ici, sans fioritures. Une véritable claque en matière de cinéma engagé. Un quasi-chef-d'oeuvre qui n'a malheureusement pas bénéficié d'une assez vaste campagne de publicité. A voir absolument.

Ma note : 18/20 





7) Pour conclure cette expérience, nous avons fait un grand écart. Nous avons quitté l'Argentine, l'Egypte, la Serbie pour revenir aux sources. La France et ses vastes champs, à perte de vue. Manuel von Stürler nous propose de faire la connaissance de Pascal et Carole, de leurs quatre chiens, de leurs trois ânes et de leurs huit-cent moutons. Nous partons avec eux pour leur transhumance hivernale. Un voyage vers l'inconnu, intriguant et déroutant. Dès la scène d'ouverture, on se pose mille et une questions. On cherche à comprendre la démarche du réalisateur. Puis les minutes s'écoulent, et l'on se retrouve sans peine embarqués dans ce documentaire original et osé. Les forts caractères de Pascal et Carole nous étonnent, nous font sourire, voire rire. Des personnages attachants qui entretiennent avec leurs bêtes une relation très particulière, qui, si on l'avait découverte dans un reportage de 30 millions d'amis, nous aurait sans doute profondément ennuyés, mais qui, dans ce cas-là, nous donnent envie d'en voir encore plus, toujours plus. Les retrouvailles des bergers avec leurs amis paysans nous amusent et nous touchent. Ils ne sont jamais seuls. Partout où ils iront, ils trouveront du réconfort. La beauté des paysages hivernaux renforce le charme de ce documentaire, et nous émerveille. Seulement, le moment fatidique arrive. Les huit-cent moutons ne sont plus huit-cent. Les plus gras sont envoyés à l'abattoir. L'éternel recommencement. Incroyable réussite que ce documentaire qui parvient à nous émouvoir, malgré un sujet si particulier. Nous commençons ce film en nous posant des questions auxquelles le film répond, bien au-delà de nos espérances. On sort de cette salle en se questionnant encore. Et si la vraie vie, c'était ça ?

Ma note : 16/20 






mercredi 13 mars 2013

The Voice, la folie des grandeurs



Si par chance vous n'avez pas : vécu dans une grotte en hibernation / décidé de visiter notre système solaire pour votre lune de miel / été vous abriter à Bugarrach dans le but d'éviter la fin du monde qui a été teeeeeellement éprouvante (rayer la mention inutile) et tout cela depuis environ un an, vous n'avez pas pu échapper au télé-crochet qui fait le plus parler de lui : The Voice. Pour les quelques malheureux qui ne connaîtraient pas, cette émission consiste à dénicher des talents (rien de nouveau sous le soleil, on est d'accord, étant donné qu'on en bouffe à la pelle depuis 13 ans avec la Star Ac, Popstars ou encore la Nouvelle Star – qui est à mes yeux le meilleur des meilleurs) mais l'énorme différence se trouve dans le titre de la première phase de sélection : les « auditions à l'aveugle ». Quatre jurés se trouvent dos tourné à la scène sur laquelle se produisent les candidats (ou plutôt les « talents », vous n'entendrez jamais le mot « candidat » dans l'émission) et appuient sur un buzzer qui fait se retourner leur siège dès lors qu'ils ont un coup de cœur pour ce « talent » et le veulent donc dans leur équipe. Pas de sélection basée sur le physique donc, uniquement l'artistique, ce qui est, disons-le, un concept plutôt innovant et intéressant...


Une campagne de publicité gigantesque et démesurée (à l'image de TF1...) avait été mise en place l'an dernier, pour la première saison de l'émission. Des panneaux publicitaires géants recouverts d'affiches annonçant la date de la première, des spots télévisés qui passaient en boucle, et on en bouffait même à la radio... Curieuse comme je suis, il m'était impossible de résister. Et puis retrouver Nikos Aliagas à la présentation d'un télé-crochet me faisait rêver, je l'avoue. 25 février 2012, je m'installe donc devant mon PC (oui, souvenez-vous que je n'ai pas la télé...) et me voilà partie à la découverte de « l'émission que tout le monde attend ». Le concept me plaît énormément, et quel bonheur d'entendre une émission où TOUT LE MONDE chante bien, même les recalés ! Je me sens chez moi, au pays des Bisounours : les jurés ne font que des compliments, même lorsqu'ils ne se sont pas retournés, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil... Tout est parfaitement maîtrisé, le spectacle est incroyablement ficelé, aucun faux pas. Les talents s'enchaînent et certains se démarquent plus que d'autres : souvenez-vous par exemple d'Al.Hy et de son interprétation magistrale de « What's up ? » qui semblera mettre tout le monde d'accord : on la tient, « The Voice » ! Preuve qu'il ne faut pas se fier aux « on dit », Al.Hy finira à la troisième place !



Petite parenthèse personnelle : même s'il n'a pas été mon coup de cœur des auditions à l'aveugle (j'avais même trouvé son interprétation de « Video Games » totalement inintéressante – ce qui a bien changé aujourd'hui) je suis devenue réellement « fan » (quel mot affreux) d'un certain Louis Delort, que vous connaissez certainement même si vous n'avez pas suivi l'émission, puisque c'est le talent de cette saison 1 qui fait le plus parler de lui aujourd'hui : après avoir terminé à la deuxième place, devant Al.Hy et derrière Stéphan Rizon, comme il le souhaitait dit-il souvent, il a intégré la troupe de la comédie musicale du duo Dove Attia/Albert Cohen, « 1789, les Amants de la Bastille » dans laquelle il a écopé du premier rôle, Ronan, le fameux « Amant de la Bastille ». Il se produit régulièrement sur des plateaux télévisés, dans le cadre de la promo du spectacle, ou simplement invité par certains artistes avec qui il partage de jolis moments musicaux, comme ce duo avec Jenifer sur « Time after time » sur le plateau de Champs-Élysées ou encore ce trio avec Patricia Kaas et Nolwenn Leroy en hommage à Piaf... Il prépare son premier album avec son groupe, The Sheperds, dont le premier EP sorti avant The Voice est disponible ici. Je ne peux que vous conseiller de le suivre si ce n'est pas déjà le cas, puisque vous risquez d'entendre très souvent parler de lui dans les mois à venir...



Cette année, puisque le concept est désormais bien connu et que l'effet de surprise n'existe plus, la production a mis les bouchées doubles dans le but de renouveler l'exploit réalisé l'année passée et une fois de plus battre des records d'audience : chaque équipe comptera quatre membres de plus (16 contre 12 l'an dernier) et certaines règles ont été modifiées. La phase qui suit les auditions à l'aveugle, les « battles », consiste à créer dans chaque équipe des « duels » dont le perdant est éliminé sur le champ, le gagnant étant envoyé sur les lives. MAIS, cette année, si les coachs estiment que le talent éliminé mérite de continuer l'aventure, ils peuvent effectuer un « vol de talent », chaque coach pouvant utiliser ce joker deux fois au maximum. En bref, tout est fait pour faire durer l'émission le plus longtemps possible. 64 talents s'affronteront lors des battles : comment se souvenir de tout le monde ? Tous sont extrêmement talentueux, certes, mais peu d'entre eux ont déjà réussi à tirer leur épingle du jeu dès la phase de sélection. D'après Twitter, seuls trois ont réellement fait l'unanimité : Olympe, Anthony Touma et Emmanuel Djob, qui tous les trois ont su convaincre les quatre coachs au bout de quelques secondes... Ils ont fait le buzz sur Internet pendant leur passage et continuent encore à faire parler d'eux chaque samedi soir.


D'autres talents ont fait parler d'eux pour avoir été sélectionnés alors qu'ils ne le « méritaient pas », prenons le cas de Lord Bitum ou Josephina, et d'autres encore parce qu'ils n'ont pas été pris alors qu'ils le méritaient amplement : regardez les prestations de Roméo ou Tristan entre autres... Cette année, « The Voice » semble s'être transformé en pôle emploi des chanteurs de comédies musicales ou des recalés d'autres télé-crochets : Loïs (La France a un Incroyable Talent), Victoria (Le Roi Soleil), Florent Torres (Dracula), Jo Soul (Nouvelle Star 1)... On ne compte plus les têtes connues qui se présentent aux sélections, ni même les fils ou filles de... Pour une autre raison encore, une candidate a animé Twitter lors de son passage et suscité une certaine polémique. Si vous avez suivi la saison 1, vous vous souvenez certainement de Ludivine, talent de l'équipe Garou, éliminée lors des battles. Cette année, la production l'a rappelée pour lui redonner sa chance. La toile hurle au scandale : si elle y a droit, pourquoi pas les autres ?



Vous l'aurez compris, la machine est bien huilée, et la production de The Voice a une fois de plus gagné la partie : avec en moyenne 8 à 9 millions de téléspectateurs chaque samedi soir, elle est la reine incontestable et incontestée des télé-crochets musicaux. Mais tout cela n'est-il pas totalement démesuré ? Avant même le lancement de l'émission, les dates de la tournée avaient déjà été programmées, dont une à Bercy... Bercy, ou le lieu de la consécration pour bon nombre d'artistes, et on va laisser ces jeunes talents s'y produire sans avoir réellement fait leurs preuves dans le métier ? TF1 a la folie des grandeurs, et à mon grand désespoir, cette émission que j'aimais tant l'an dernier se transforme peu à peu en un gigantesque spectacle purement commercial... 




Qu'adviendra-t-il de la trentaine de talents éliminés aux battles ? Ils seront trop nombreux pour que l'on se souvienne d'eux... Alors, l'émission phare de TF1 continuera-t-elle de s'élever jusqu'à atteindre des sommets encore plus hauts, toujours plus hauts ? Suite de la réponse dans quelques semaines, une fois les battles terminées...



Pour conclure sur une note positive, je vous conseille malgré tout de suivre cette émission car, de nos jours, trouver une émission dans laquelle se produisent des talents de tous les univers et de toutes les générations est quelque chose d'extrêmement rare, et il n'y a certainement que The Voice qui puisse satisfaire tout le monde sur ce point-là...



lundi 11 mars 2013

Asaf Avidan ressuscite Janis



S'il y a bien un artiste avec qui je suis totalement en amour en ce moment, c'est Asaf Avidan. J'ai mis du temps avant d'oser écouter son album, à cause de l'engouement suscité par « One day (reckoning song) » que j'entendais en boucle sur toutes les radios, dans toutes les émissions, et même reprise à la Star Ac (enfin bon, là c'était Sidoine, alors je pardonne) (oui parce que Sidoine je pourrais tout lui pardonner). Puis, j'ai allumé la télé. Je n'allume jamais la télé pour une simple et bonne raison : je n'en ai pas. Et il y a au moins une chose qui ne me manque pas avec la télé : les pubs. Ces trucs insupportables que tu finis par connaître par cœur au bout de trois jours si tu as la flemme de zapper sur une autre chaîne quand elles arrivent. Et ce jour-là, j'allume la télé donc, et arrive la coupure pub à laquelle je ne prête pas vraiment attention. Puis quelque chose m'interpelle : une voix. Une voix incroyable que j'ai l'impression d'avoir déjà entendue quelque part... Je lève la tête... « Oh tiens, Asaf Avidan ! Oh tiens, Madame Figaro qui dit qu'une voix pareille, il en éclot tous les dix ans ! Oh tiens, je suis sur le cul, il faut absolument que j'écoute cet album ! » (c'est sympa ce qu'il se passe dans ma tête, vous trouvez pas ? Non ? Bon d'accord...)

Ellipse temporelle boumbimbadoum...

J'ai donc craqué. Oui je sais, je suis faible. J'ai honte. Mais je dois avouer que j'ai complètement déculpabilisé dès les premières notes du premier morceau, le désormais célèbre « Different Pulses », qui a donné son nom à l'album et qui illustre à merveille cette pub qui m'a fait craquer. En l'entendant, j'ai arrêté tout ce que j'étais en train de faire, j'ai ouvert grand mes oreilles, je suis restée bouche bée, les poils dressés, toute frissonnante. J'ai été bouleversée (sans exagération) par ce titre, et plus largement... par tout l'album. Des voix comme ça, j'ai beau chercher, il n'y en a pas cent, pas dix même... Et si je choisis de vous en parler aujourd'hui, c'est parce que j'ai eu une véritable révélation. Je passais devant un bar (que voulez-vous, il faut bien que je vous raconte les détails...) quand j'ai entendu « One day ». Je ralentis, j'écoute, je chantonne... Et le mec qui était en train de l'écouter dit à son pote : « on est d'accord, il a la voix de Janis Joplin ? ». OH-PU-NAISE. Ne supportant pas les comparaisons, je n'avais jamais cherché à rapprocher la voix d'Asaf de n'importe quelle autre. Mais là, impossible de ne pas approuver le rapprochement ! J'ai beaucoup de mal avec les voix féminines, et Janis est l'une des rares que je pourrais écouter sans jamais me lasser. Ceci-dit, Janis n'est pas une femme, c'est une déesse... Et Asaf alors, puisque c'est Janis au masculin, c'est un dieu ? Sans hésitation je vous répondrai OUI. Asaf Avidan, c'est comme une évidence, une véritable claque, un génie. Si vous êtes passés à côté de ce phénomène, je me vois dans l'obligation de vous imposer une séance de rattrapage :



Je trépigne d'impatience à l'idée d'entendre monsieur Asaf -Dieu- Avidan en live. Certainement le 3 octobre si ce n'est avant... Il est actuellement en tournée dans l'Hexagone, la plupart des dates sont d'ores et déjà complètes (étonnant n'est-ce pas ?)... Il viendra remplir vos oreilles de bonheur le 9 avril à l'Olympia notamment, et se produira sur les scènes d'un bon nombre de festivals (il fait partie de la programmation de Garorock, des Eurockéennes, du Main Square et de bien d'autres...) avant de repartir sur les routes françaises à partir de septembre !

Rendez-vous au prochain épisode, si après l'avoir vu en live je possède encore suffisamment de ressources afin de vous faire un petit compte-rendu...

Venez donc découvrir la petite merveille de l'artiste par ici, si ce n'est pas déjà fait !

vendredi 8 mars 2013

Dépucelage du blog


Bonjour, bonsoir (encore faut-il que ce jour ou ce soir dont je vous parle soient bons me direz-vous, mais qu'importe). Voilà quelques mois que je me pose une question existentielle : créer ou non un blog ? Je ne vous pense pas trop cons pour deviner la réponse à cette question ! Je n'en suis pas à ma première expérience de blog. J'ai débuté sur skyblog à la douce période de l'enfance. Je devais avoir neuf ans quand j'ai créé mon premier blog, ce fameux "blog de la honte" dont on aimerait n'avoir gardé aucun souvenir. Puis j'ai tenté l'aventure blogspot, l'année dernière je crois, mais tout était encore trop brouillon, je ne savais pas exactement quel genre de billet j'avais envie d'écrire, et j'ai très vite abandonné. Alors me revoilà aujourd'hui, pour votre plus grand bonheur, j'en suis certaine... Je crée ce blog sans prétention aucune, avec simplement le désir de partager mes découvertes, mes coups de coeur, mes coups de gueule, qu'ils soient musicaux ou encore cinématographiques. Et précision ultime : mes articles n'engagent que moi... et mon psy. N'hésitez pas à me rappeler à l'ordre si je dérive dans des propos mièvres et qui semblent dégouliner d'un trop plein d'amour, je ne suis qu'un pauvre petit Bisounours égaré dans ce monde de fous...

PS : Je vous vois v'nir ! Vous cherchez déjà la p'tite bête ! "Mais pourquoi ce nom de blog, c'est étrange quand même non ? Elle doit avoir un p'tit souci la d'moiselle !" Oui bah non, et puis ben je n'ai jamais eu d'explication à ce titre alors... Tant pis !

PS2 : Sur la photo qui illustre ce premier article, c'est moi quand j'avais cinq ans. Oui parce que bon, je savais pas quoi mettre comme image et juste du texte ça faisait tout tristounet...

PS3 : Je m'appelle Sarah. C'est tout... pour le moment.

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